L’éléphant dans la pièce qu’est la Colombie est son histoire, bien connue, de trafic de drogue et de groupes militants dangereux. Toutefois, ces dernières années, la Colombie a redéfini son identité nationale pour devenir l’une des destinations les plus accueillantes et les plus colorées d’Amérique du Sud.
Bogota
Il était tard dans la soirée et le soleil s’était déjà couché lorsque je suis arrivé à Bogota, en Colombie. Étant une sorte de voyageur bohème, je suis arrivé sans endroit où loger ni direction déterminée pour mon voyage.
La seule chose que j’avais faite sur la Colombie était de chercher des auberges de jeunesse juste avant de sauter dans l’avion pour la capitale, Bogota. En dehors de cela, tout ce que j’avais entendu, c’était des références à Escobar en réaction à mon nom, Pablo.
Pour tenter de documenter le voyage, je suis sorti de l’aéroport en parlant à mon appareil photo tout en décrivant mon processus de voyage et en tirant un billet de bus. Apparemment, quelques personnes qui se trouvaient dans le bus m’avaient vu, car on m’a posé des questions sur mon installation et sur ce que je faisais (il est souvent gênant de s’enregistrer en public).
C’est là que la beauté de la Colombie a commencé.
Le bus a immédiatement pris un ton comique, car j’ai été interrogé et considéré comme l’idiot avec l’appareil photo qui allait se faire voler. De nombreuses personnes ont secoué la tête en signe d’incrédulité. D’autres semblaient impressionnés par la bravoure de mon voyage en solitaire et par mes antécédents dans d’autres pays.
Mais le plus beau, c’est cette petite vieille dame qui faisait ses courses, assise à côté de moi. Elle avait l’air d’avoir traversé l’énergie et la rigueur de la jeunesse. Elle était très curieuse et m’a demandé où je passais la nuit et quels étaient mes projets. Après avoir entendu que mon plan était en fait de ne pas avoir de plan, elle s’est moquée un peu de moi : « Vous descendez donc avec moi au prochain arrêt et je vous accompagne jusqu’à une auberge ».
Je me retrouve dans une ville que je ne connais pas du tout et je me promène tard dans la nuit avec une femme d’un mètre cinquante qui me sert de garde du corps.
J’ai eu beau lui dire que j’étais habitué à ce type de voyage et de scénario, je n’ai pas réussi à la faire changer d’avis. Me grondant d’un ton maternel, elle a marché à mes côtés jusqu’à quelques rues de mon auberge, où elle s’est sentie suffisamment à l’aise pour se séparer de moi.
« Suivez les lampadaires jusqu’à trois pâtés de maisons, puis prenez à gauche. Un pâté de maisons plus loin et quelques bâtiments plus bas se trouve votre auberge. Tout devrait bien se passer ici, où les rues sont éclairées. Bonne chance et soyez prudent ».
L’histoire de ma première interaction avec la Colombie sert en quelque sorte de prémisse à l’ensemble du temps que j’ai passé dans ce pays. Tout au long de mes deux semaines de voyage, je me suis rendu compte que le monde entier avait eu une très mauvaise image de la Colombie. Pourtant, les habitants de ce pays voulaient simplement que tout le monde sache qu’ils sont en fait des gens bien.
En fait, mon interaction avec cette femme a été très similaire à celle de tous les Colombiens que j’ai rencontrés. Tout au long de ces deux semaines, ce ne sont que des visages généreux et souriants qui ont témoigné d’une culture magnifique et d’un pays étonnant.
Le lendemain matin, j’ai fait les choses habituelles. J’ai pris un tramway jusqu’au point le plus élevé de la ville, puis j’ai fait une visite en bus où un enregistrement audio m’a donné un aperçu de la scène locale et de l’histoire.
J’ai passé l’après-midi à déguster de la bière locale et à discuter avec des Colombiens pour savoir où ils me recommanderaient d’aller et ce que je devrais découvrir. Désireux de partager leurs idées, ils se sont assurés que j’avais les bonnes indications pour me rendre à mon prochain arrêt dans une ville située juste au nord de la ville.
Zipaquirá
Là, une église catholique romaine qui était autrefois une mine de sel a été fortement suggérée. La ville hôte, Zipaquirá, était une ville coloniale espagnole dont les routes menant de la ville à l’entrée des mines de sel étaient marquées d’une bande blanche. Les mines elles-mêmes étaient illuminées dans des couleurs royales de violet et de bleu. Des visites guidées permettent de descendre à travers les tunnels et les nombreux niveaux.
Un repas après les mines de sel m’a conduit à une autre conversation avec un habitant. Il m’a expliqué que de nombreuses personnes ont en effet une perception biaisée de la Colombie. Pour cette raison, les habitants veillent à se méfier des touristes. Ils ne veulent pas que la conversation reste la même. Ils veulent que les gens sachent à quel point le pays est varié et incroyable.
En suivant ses recommandations, j’ai fini par me rendre à l’ouest, à Salento et dans la vallée de Cocora. Salento se trouve dans une région productrice de café et à une courte distance en voiture de la vallée. De nombreux habitants proposent des visites de leurs plantations de café et accompagnent les visiteurs tout au long du processus, du bourgeon à la boisson chaude en passant par les grains torréfiés.
Vallée de Cocora
Le café n’étant pas mon truc, j’ai choisi de visiter la vallée de Cocora. Cet endroit est l’un de ceux qui donnent vraiment l’impression d’être plongé dans la magie. Une randonnée à travers la jungle luxuriante et au-dessus de la rivière en cours d’eau a permis de vivre une expérience en plein air avant de découvrir les palmiers les plus hauts du monde.
Je peux encore imaginer la sérénité qui entourait la région et sentir l’électricité dont moi et mes compagnons d’infortune faisions partie. Un petit sentier menait à un monticule herbeux qui s’avançait au milieu des nuages bas et nous étions tous là, souriant comme des enfants. Nous avions l’impression d’être sur une île flottante dans le ciel.
Guatape
Quelques jours plus tard, je me rapprochais de la fin de mon aventure. De manière quelque peu ironique, mon voyage me conduisait à terminer en passant quelques jours dans l’un des anciens terrains de jeu de Pablo Escobar, Guatapé.
Même ici, la Colombie n’a cessé de m’en mettre plein la vue. Cette petite ville borde la ville de Medellin et abritait l’une des nombreuses résidences secondaires d’Escobar. À l’extrémité sud de la ville, un gigantesque rocher noir nommé El Peñol surplombe le paysage. Pour ceux qui ont l’énergie de gravir les 700 marches qui mènent au sommet, une vue sur les cours d’eau labyrinthiques qui composent Guatapé s’offre à eux. Ce qui semble être des îles reliées par des ponts terrestres naturels crée une image majestueuse qui vous fait comprendre pourquoi Escobar aurait voulu avoir une maison dans un tel endroit.
Mon voyage a duré deux semaines et je n’ai même pas effleuré la surface de la Colombie. Pas une seule fois je n’ai été harcelé. Je n’ai pas été volé ni menacé. Pas une seule fois je ne me suis senti mal à l’aise en voyageant. Les Colombiens ont tout fait pour que je passe un bon moment, comme tous les voyageurs que j’ai rencontrés. Ils ont traité les voyageurs avec respect et ont veillé à notre sécurité.
Les Colombiens comprennent le rôle que peuvent jouer les médias dans l’image de leur pays. Cependant, ils savent mieux que quiconque. Ils savent que l’endroit où ils vivent est vraiment magnifique et ils veulent que tout le monde le sache aussi. N’ayez pas peur, ils sont prêts à le partager avec nous.
